Comme un pain rompu

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COMME UN PAIN ROMPU

Méditation complémentaire sur le troisième mot clé « brisé »

par Pierre Van Breemen


Certains jours, à l’adoration, tu auras l’impression d’être comme un pain rompu.

Le temps viendra où tu auras l’impression que ta prière n’est pas entendue;

le temps viendra où tu la sentiras comme une perte complète,

où tu ne découvriras aucune lumière à savourer,

aucun sentiment d’accomplissement,

et où tu ressentiras l’angoisse de ton vide intérieur, le poids de ton péché…

Et tu auras la tentation de fuir, d’utiliser ce temps à autre chose de plus utile.

La prière consiste à être en présence de Dieu, les mains ouvertes et le cœur ouvert.

Si tu acceptes de rester assez longtemps les mains ouvertes, le Seigneur viendra…

Voilà le cœur de la prière: le Seigneur pourra enlever quelque chose de tes mains.

Il pourra y mettre ce qu’il veut. Il te dépouillera pour te rendre libre et disponible.

La prière est une attente.

L’attente met l’accent sur l’autre, celui qui vient.

Tu ne peux qu’attendre cette personne.

Attendre, c’est exprimer ton impuissance, ton insuffisance,

et c’est ton attitude devant Dieu.

Tu ne peux pas forcer Dieu à venir.

Tu ne peux qu’attendre de tout ton être et être présent.

Prier veux dire que tu lâches prise.

C’est Dieu qui contrôle.

En te dépouillant, il fait de toi un pain rompu.

L’adoration te transforme en pain rompu.

C’est dans cette fraction du pain que tu es rendu utilisable, souvent d’une façon qui demeure cachée pour toi.

Comme le pain tu es donné non une fois, mais souvent, à maintes reprises.

La prière exige la volonté d’accepter ce mystère comme un appel auquel tu réponds de tout ton être.

C’est dans la fraction du pain, vécue tout au long des heures d’adoration,

où tu expérimenteras ta radicale pauvreté que tu réalises le mystère pascal.

La contemplation et l’adoration du Seigneur livré et donné en partage dans l’Eucharistie

est pour toi un appel à être pain rompu.

Dépouillé peu à peu de toi-même, tu t’ouvriras au dépouillement du Verbe incarné

et au dénuement du Christ en croix.

Puisses-tu te présenter devant le Seigneur les mains ouvertes et le cœur ouvert à t’offrir, à te laisser dépouiller,

car pour devenir « eucharistie vivante » il te faut accepter d’être pain rompu.