Les Recluses dans l’histoire: Sainte Thais

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Sainte Thaïs

Recluse pénitente


Gravure Teroni Direx, 1886 Sainte Thaïs mise en réclusion par saint Paphnuce

Égyptienne, sainte Thaïs vécu au IVe siècle. Elle fut convertie par saint Paphnuce* qui la plaça dans une petite cellule à l’intérieur d’un monastère de vierges.

Pendant trois ans elle y vécut recevant chaque jour un peu de pain et un peu d’eau par une petite fenêtre, seule ouverture de sa cellule, puisque saint Paphnuce avait scellé la porte avec du plomb.

Vie de courtisane

Thaïs vécut ses trois années de réclusion dans un esprit de pénitence et de réparation pour le mal qu’elle avait commis auparavant. Connue comme une courtisane, elle avait mené une vie de prostitution séduisant par sa beauté nombre d’hommes. Elle était si belle que ses amants, jaloux les uns des autres, se battaient devant sa porte, parfois jusqu’au sang.

Averti de ceci, l’abbé Paphnuce s’habilla en séculier et se présenta à elle avec de l’argent; Thaïs le laissa entrer. Elle l’amena dans une chambre, mais le saint moine demanda s’il n’y avait pas un autre endroit plus discret dans lequel ils pouvaient se retirer. Elle le fit entrer dans une pièce où personne n’entrait habituellement en lui disant que, s’il craignait Dieu, aucun lieu ne pouvait être caché à sa divinité.


Sa métanoia

C’est ainsi que saint Paphnuce découvrit qu’elle connaissait Dieu et croyait en l’existence d’une autre vie où Dieu récompense les bons et punit les méchants. Ce fut la porte d’entrée permettant à l’abbé de lui parler du mal qu’elle commettait et combien d’hommes se perdaient à cause d’elle.

En l’entendant parler, Thaïs se jeta à ses pieds en pleurant et lui fit cette prière:

« Je sais, père, qu’il y a une pénitence, et j’ai confiance d’obtenir pardon par vos prières… »

Elle lui demanda un délai de trois heures, après quoi elle le suivrait à l’endroit désigné. Thaïs rassembla toutes les richesses obtenues par sa vie de prostitution et les brûla au milieu de la ville en présence de tous ceux qui la connaissaient les invitant à imiter sa conversion. Ensuite, elle se rendit à l’endroit où le saint moine l’attendait.


Vie en réclusion


Dans sa réclusion, assise du côté de l’Orient, Thaïs fit réparation de ses péchés en répétant ces paroles:


« Vous qui m’avez formée, ayez pitié de moi. »


Après trois ans, saint Paphnuce ayant compassion d’elle, alla trouver saint Antoine pour savoir si Dieu lui avait pardonné ses fautes.

Celui-ci demanda à ses disciples de veiller et de prier toute la nuit suivante, espérant que Dieu révélerait la réponse à l’un d’eux.


Pendant la nuit, saint Paul le Simple, principal disciple de saint Antoine, eut cette vision:

© RMN /GÉRARD BLOT/www.muzeo.com

Il vit dans le ciel un lit recouvert d’étoffes précieuses que gardaient trois vierges dont le visage était resplendissant de clarté. Ces trois vierges étaient la crainte de la peine future qui avait retiré Thaïs du vice, la honte des fautes commises qui lui avait valu le pardon et l’amour de la justice qui l’avait portée aux choses du ciel.


Réconforté et rempli de joie, saint Paphnuce se rendit au monastère des vierges et brisa le sceau de la porte de la cellule de Thaïs. Même si elle avait voulu y demeurer plus longtemps, le saint moine lui dit: « Sortez, car Dieu a remis vos péchés. » Elle lui répondit: « Je prends Dieu à témoin que, depuis mon entrée ici, j’ai fait de tous mes péchés comme un monceau que j’ai mis devant mes yeux; et de même que le souffle de ma respiration ne m’a point quitté, de même aussi la vue de mes péchés n’a point quitté mes yeux, mais je pleurais constamment en les considérant. » Thaïs mourra peu de temps après sa sortie de réclusion.


*Saint Paphnuce: ermite au monastère de Pispir, disciple de saint Daïa (305-311); il assista au Concile de Nicée et fut un ardent défenseur de la foi contre l'hérésie d'Arius; avec 47 évêques il accompagna saint Athanase, évêque d'Alexandrie, au conciliabule de Tyr pendant lequel il empêcha saint Maxime de Jérusalem de tomber dans l'erreur de l'arianisme.