Les Recluses dans l’histoire: bienheureuse Marie d’Oignies

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Bienheureuse Marie d’Oignies

La Belgique: une terre de saints


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Jacques de Vitry, biographe de la bienheureuse Marie d’Oignies, belge, qualifie la région de Liège comme « une terre de saints… une sorte de Terre Promise ».

En effet, au XIIe et XIIIe siècles, le comté de Flandre connaît un développement spirituel sans précédent. La ferveur religieuse fait naître une quantité de recluses au point d’en établir un ordre. Les monastères sont surpeuplés n’ayant plus de place pour accueillir les femmes désireuses d’y entrer.


C’est alors qu’un mouvement prend forme, celui des béguines, femmes très pieuses se regroupant pour vivre l’idéal évangélique. Souvent veuves ou non mariées, elles travaillent pour subvenir à leurs besoins, redistribuant ensuite leurs revenus en aumônes. Vivant sans règle précise, les béguines pouvaient faire un vœu, souvent celui de la chasteté, parfois de pauvreté, rarement celui d’obéissance. La liberté dont jouissaient ces femmes laïques, en comparaison avec les moniales cloîtrées, paraissait aberrante aux yeux de certains clercs.


Les béguines du Brabant, dont est issue Marie d’Oignies, étaient organisées en vastes béguinages. En Belgique, les maisons ou fermes de béguines subsisteront jusqu’au XIXe siècle. Sur les quatre-vingt béguinages, vingt-sept ont été plus ou moins conservés. Depuis 1998, ils sont inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.


Distinguer la béguine de la recluse

Pourquoi alors parler de Marie d’Oignies si elle était béguine plutôt que recluse? Présenter la vie de cette bienheureuse permettra de distinguer ces deux modes de vie très proches l’un de l’autre au milieu du Moyen Âge, au point de se confondre. De plus, dans certains textes, Marie d’Oignies est présentée comme recluse plutôt que béguine. Or, son biographe affirme clairement qu’elle était béguine.


Vie de la béguine

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La vie de Marie d’Oignies ressemble en partie à celle de sainte Yvette de Huy. Née en 1177 dans une famille bourgeoise de Nivelles, Marie désire se consacrer à Dieu dès son jeune âge. Mais à 14 ans, elle accepte le mariage arrangé par ses parents. Son mari Jean était un homme de bien et pendant un certain temps ils vivent la vie conjugale. Cherchant à suivre son idéal de vie religieuse, Marie propose à son jeune époux de vivre dans la chasteté et, ensemble, ils décident de se consacrer à Dieu dans la pauvreté et dans les œuvres.

Pendant plusieurs années, le couple se met au service des lépreux à la léproserie de Williambroux où il s’est installé. La personnalité charismatique de Marie attire de plus en plus de visiteurs qui la consultent sur des questions de vie spirituelle. Des guérisons lui sont même attribuées. Assoiffée de solitude et de renoncement, Marie désire s’effacer. Avec l’accord de son mari, elle quitte Williambroux pour se joindre à une petite communauté de béguines à Oignies, près de Namur. Retirée dans un ermitage, son rayonnement de sainteté et de sagesse spirituelle continuera à grandir.


Rencontre avec Jacques de Vitry

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En 1208, Marie reçoit Jacques de Vitry, un brillant théologien de Paris. Séduit par la personnalité de cette femme, il renonce à une brillante carrière et s’installe à Oignies où il devient le disciple et confesseur de Marie. C’est aussi lui qui communique au public les entretiens spirituels de la béguine. Après une longue et pénible maladie l’associant de plus près à la Passion du Christ, selon les dires de Marie elle-même, celle-ci s’éteignit le 23 juin 1213, à l’âge de 38 ans. Les cinquante-trois derniers jours de sa vie, elle ne prit d’autre nourriture que l’Eucharistie. En 1607, Marie d’Oignies a été béatifiée et depuis 1609 son corps repose dans l’église d’Oignies portant son nom.


Béguine est le dérivé de « beggen » (vieil allemand) signifiant: demander, prier. Sainte Bègue (ou Begga), soeur de sainte Gertrude (626-659), toutes deux liégeoises, aurait fondé la communauté en 692. En 1170, un prêtre liégeois, Lambert Le Bègue, aurait fait renaître le mouvement des béguines.