Qu’est-ce qu’une « spiritualité » ?


Nouvelle année – nouvelle série d’articles

Diverses influences ont contribué à modeler la spiritualité de la communauté des Recluses Missionnaires. Parmi celles-ci, nous retrouvons la Tradition des recluses (dans laquelle se situe Jeanne Le Ber), la Tradition monastique, l’École française de spiritualité et, plus près de nous, le Concile Vatican II.

Dans les mois qui viendront, nous nous attarderons plus particulièrement à l’École française de spiritualité pour en dégager les traits caractéristiques et en découvrir les maîtres et les disciples. Nous verrons comment cette spiritualité a influencé la jeune colonie de la Nouvelle France et comment elle s’est rendue jusqu’à nous aujourd’hui.

Prendre conscience de ses racines profondes contribue à solidifier son identité propre pour un mieux « être » et un meilleur discernement de la voie dans laquelle s’investir pour y demeurer fidèle.

Qu’est-ce qu’une spiritualité ?

Avant d’entrer dans notre propos sur l’École française de spiritualité, il importe tout d’abord de définir ce qu’est une «spiritualité». Ce mot a un sens religieux et un sens philosophique. Avant le XVIe siècle, on lui avait même donné un sens juridique. Si l’on s’en tient au sens religieux, le mot «spiritualité» désigne la vie selon l’esprit.  C’est une tension de l’esprit vers l’Esprit. Et, puisque le chrétien est sanctifié tout entier par le baptême, le terme «spiritualité» englobe l’être tout entier: corps, âme et esprit.

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La première mention du mot «spiritualité» apparaît dans un écrit du Ve siècle qu’on attribue à Pélage ou à l’un de ses disciples. Pélage écrit à Thesiphontem pour l’exhorter à la spiritualitas, c’est-à-dire, à mener une vie chrétienne authentique, sans tiédeur, courageuse, toujours en progrès (Dictionnaire de Spiritualité, col. 1143). Voilà certainement la meilleure définition de la spiritualité: mener une vie chrétienne authentique. En d’autres mots, il s’agit d’une spiritualité évangélique, l’Évangile vécu dans son intégrité étant l’unique spiritualité.


Sens élargi du mot

On a tôt fait de donner au mot «spiritualité» un sens plus élargi. Ainsi, on parlera de la spiritualité de telle ou telle famille religieuse, de telle école (ex. l’École française de spiritualité). Il s’agit d’une manière propre d’accentuer un trait ou des traits de la vie chrétienne suite à une inspiration charismatique ou pour répondre aux besoins de l’époque. Ce sont là différentes incarnations du mystère chrétien, l’Évangile vécu sous un angle particulier.

Ajoutons ici que le mot «spiritualité» s’applique également aux religions non chrétiennes. On dira ainsi la spiritualité bouddhiste, soufiste, etc…


Les différentes familles de spiritualité

Dans l’histoire de l’Église, nombreux ont été les courants spirituels. La vie spirituelle n’a rien de statique: elle traverse les conditions historiques de la vie concrète.

Il y eut d’abord les spiritualités rattachées aux grandes familles religieuses: augustinienne, bénédictine, carmélitaine, dominicaine, franciscaine, ignatienne, etc. La spiritualité a donné à ces grandes familles un style de vie religieuse qui, à son tour, lui sert de support et en garantit la durée dans le temps.

L’histoire connaît aussi d’autres spiritualités non liées à des familles religieuses mais à la personnalité d’un saint, ou à l’oeuvre de plusieurs maîtres telle l’École allemande de spiritualité ou l’École française de spiritualité.

L’École allemande (appelée aussi La Mystique Rhénane) a précédé l’École française (qu’on préfère appeler La spiritualité bérullienne) et n’a pas été sans l’influencer. Parmi les maîtres de l’École allemande, on trouve: Maître Eckhart, le chef de file, Thomas A. Kempis, l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ, Jean Tauler, Henri Suso et des femmes telles sainte Hildegarde, sainte Mechtilde, sainte Gertrude.


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Parlant des différentes spiritualités et de leur intercommunication, Lucien-M. de St-Joseph écrit :

Il y a là comme des lignes verticales, qui naissent à un moment donné dans la vie de l’Église, et qui se prolongent, tandis que de nouvelles lignes apparaissent successivement et font route ensuite avec elles. Ces lignes sont traversées à certaines époques par des coupes horizontales, par des courants spirituels collectifs qui imprègnent plus ou moins toutes les spiritualités alors existantes.

Et l’auteur de mentionner l’École française de spiritualité comme ayant imprégné l’ensemble des spiritualités existantes.



Pour clore ce bref aperçu des différentes spiritualités, voici un texte fort à propos de Laurent Boisvert, ofm :

On dénaturerait gravement une spiritualité en la réduisant à ce qui la caractérise. Ce qui équivaudrait, par comparaison, à définir une personne par ses traits distinctifs: couleur de la peau ou des cheveux, hauteur de la taille ou largeur des épaules, etc. Son identité inclut la totalité de son être, pas seulement ce qui la distingue des autres. Il en va de même pour une spiritualité. Son identité, qui englobe sa spécificité, est beaucoup plus large et profonde que celle-ci. Elle comprend une vision particulière de tout l’Évangile qui s’exprime dans une manière de vivre.


Prochain article : Le contexte historico-religieux de l’École française de spiritualité et ses caractéristiques


4 Responses

  1. Louise

    Très intéressant et éclairant. Merci d’avoir pensé à communiquer!

  2. Diane Labrecque

    Merci. Très apprécié.
    KaraDiane

  3. Pauline landry

    Merci de vos bonnes prière pour moi et ma famille. Bonne année à toutes, que Dieu vous garde. xxx

  4. Martine

    Je vous remercie pour cette série sur la spiritualité. Premier article très intéressant. J’ai hâte de lire la suite!