SAINTE YVETTE
L’ange gardien de Huy
La vie de sainte Yvette nous est parvenue grâce à son confesseur et biographe, un chanoine prémontré du nom de Hugues de Floreffe*.
Yvette est née en 1158, à Huy, dans une famille de haute bourgeoisie; son père administrait les domaines de l’évêque de Liège. Malgré son désir de se consacrer à Dieu, elle est donnée en mariage à l’âge de 13 ans à Henri de Stenay, fils d’un grand bourgeois de Huy. Elle ne peut s’y opposer puisque c’est la coutume du temps. Mal préparée au mariage, Yvette prend en horreur la vie conjugale. Mais petit à petit, elle en vint à accepter son état et à aimer son mari.
Yvette donnera naissance à trois enfants, dont le premier mourra en bas âge. Après cinq ans de mariage, son mari meurt la laissant veuve à l’âge de 18 ans. Son père cherchera à la remarier mais, cette fois, Yvette s’y oppose réussissant à entrer dans l’Ordre des Veuves grâce à l’appui de l’évêque. Tout en veillant à l’éducation de ses deux fils, elle fera de sa maison un lieu où tous sont bienvenus: pauvres, pèlerins, voyageurs.
Dévouée aux lépreux
À l’âge de 24 ans, Yvette se met au service des lépreux dans une léproserie à Statte sur les hauteurs de la ville de Huy. Pendant dix ans, elle se consacrera corps et âme aux soins de ces exclus sans négliger aucun effort. Pendant ce temps, le désir de se consacrer à Dieu mûrit en elle, à tel point qu’elle disposera tranquillement de ses biens au grand dam de son père, toujours opposé au choix de vie de sa fille.
À 34 ans, Yvette se fait recluse dans une cellule attenante à la chapelle de la léproserie. Elle n’en sortira plus jamais. C’est alors qu’une troisième vie commence. Du haut de la colline, Yvette deviendra l’ange gardien de Huy. À la veille de son entrée en réclusion, elle recevra une grande grâce: la conversion de son père. Il était alors veuf et décida de se faire cistercien à L’Abbaye de Villiers-en-Brabant.
Vie en réclusion
Avant même de devenir recluse, la vie d’Yvette suscitait déjà l’admiration. On venait la voir pour lui demander conseil et implorer son intercession. Selon son biographe, Yvette avait reçu des dons mystiques, en particulier, celui de lire dans les consciences. Le nombre de ses disciples augmentera mais sa clairvoyance provoquera aussi des mécontents, car elle disait tout haut ce qu’on aurait voulu garder tout bas.
Avec les aumônes reçues, la recluse de Huy fit construire, pour les lépreux, un hôpital avec une grande église. De son réclusoir, elle dirigea elle-même la construction. Plusieurs jeunes filles se regroupèrent autour d’elle et devinrent ses disciples. Pendant ce temps, elle veillait sur ses deux fils. Le premier deviendra moine à l’Abbaye d’Orval et en sera l’abbé; le deuxième, après avoir mené une vie désordonnée, se convertira et deviendra aussi moine cistercien à l’Abbaye des Trois-Fontaines.
Le 13 janvier 1228, après plus de 37 ans de réclusion, Yvette meurt dans sa cellule à l’âge de 70 ans. Une grande vénération entoure son corps et de nombreux fidèles demandèrent la reconnaissance de la sainteté de l’ange gardien de Huy.
*Le chanoine Hugues, prémontré dans l’Abbaye de Floreffe (diocèse de Namur), a écrit la vie de sainte Yvette vers 1230 en latin médiéval. Il a également écrit la vie de Sainte Ide de Nivelle ainsi que celle de sainte Ide de Leuwe, religieuse de l’Ordre de Cîteaux en Brabant.