L’École française de spiritualité au Canada


HISTORIQUE


Avant sa mort, M. Olier avait tout juste eu le temps de nommer quatre Sulpiciens pour Ville-Marie. Avec Jérôme de la Dauversière et les membres de la Société de Notre-Dame, il avait oeuvré pour l’établissement de l’île de Montréal. Les fondateurs de cette grande entreprise avaient pour but premier l’évangélisation des Premières Nations, tel que mentionné dans les Véritables Motifs rédigés par M. Olier lui-même en 1643.

Bas-relief de Louis-Philippe Hébert, 1895, Monument à Maisonneuve, Place d’Armes, Montréal.
Première messe à Ville-Marie en 1642 par le père Barthélemy Vimont, jésuite.

Auteur : Jean Gagnon

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Premiere_messe_a_Ville-Marie.JPG


Seigneurie de l’Ile-de-Montréal

Les Sulpiciens arrivèrent en 1657, soit quinze ans après la fondation de Ville-Marie. Ils y établirent la première paroisse, celle de Notre-Dame, et ouvrirent un séminaire pour la formation des prêtres. Ils contribuèrent non seulement à l’évangélisation des autochtones mais également au développement de l’île dont ils étaient en grande partie les propriétaires, donnant volontiers aux colons des morceaux de terre à titre gratuit.

1790. La place du marché, Montréal, aquarelle de Paul Sandby junior

Quand, en 1763, la France céda le Canada à l’Angleterre, les Récollets (Franciscains) et les Jésuites furent explulsés du pays. Ces derniers ne devaient revenir qu’en 1842. Les Sulpiciens, grâce à leur titre de Seigneurs de Montréal et par une habile transaction immobilière, purent demeurer et poursuivre leur ministère. C’est ainsi que prêtres et laïcs étant formés de génération en génération par les disciples de M. Olier, la spiritualité de l’École française s’est transmise au Canada, ne connaissant ni renaissance, ni réforme protestante, ni révolution française, ni révolution américaine, observe un historien dominicain, mais conservant par ailleurs une teinte médiévale.


Conscientisation de l’apport de la spiritualité de l’École française

Dans le premier quart du XXe siècle, il y eut cependant une conscientisation des traits distinctifs de la spiritualité issue de Pierre de Bérulle et de son influence constante à travers les siècles. Henri de Brémond, prêtre et écrivain, publiait en 1923 son Histoire littéraire du Sentiment Religieux en France. Il y analysait les divers mouvements spirituels et on lui doit d’avoir popularisé l’expression École française de spiritualité. Par la suite, plusieurs publications de divers auteurs contribuèrent à revitaliser ce grand courant spirituel.

Mais c’est surtout après les années 1970 alors que le Concile Vatican II avait demandé aux congrégations religieuses un aggiornamento (renouveau) de leurs Constitutions et Règles et un retour à leurs sources, que beaucoup de groupements religieux découvrirent leurs liens d’appartenance avec la spiritualité de l’École française. Ce fut précisément le cas pour la communauté des Recluses Missionnaires dont nous verrons dans un prochain article le charisme propre.


Congrès de l’École française de spiritualité, au Canada

Au Canada, six Congrès de l’École française de spiritualité eurent lieu entre 1987 et 2011 rassemblant plusieurs dizaines de communautés religieuses et mouvements appartenant à la grande famille bérullienne. Le Congrès, tenu en 2007, avait pour thème Prophète dans la mission de Jésus. Il rappelait le premier motif des fondateurs de Ville-Marie, l’évangélisation, et invitait à une nouvelle évangélisation qui s’avère tout aussi nécessaire en ce début du XXIe siècle.

1er Congrès – 1987

Cap-Rouge, Qc


2e Congrès – 1992

Montréal, Qc

5e Congrès – 2007

Grand Séminaire de Montréal


6e Congrès – 2011

Université St-Paul, Ottawa


HÉRITIÈRES

DE L’ÉCOLE FRANÇAISE AU CANADA


Sainte Marie de l'Incarnation

MARIE DE L’INCARNATION


1599 – 1672

On serait porté à croire que Marie de l’Incarnation, mystique qu’on appellera la Thérèse de la Nouvelle-France, n’était tributaire d’aucune école de spiritualité. Pourtant on retrouve chez cette femme qui débarqua à Québec en 1639 et y fonda un monastère d’Ursulines des traits marqués de l’École française de spiritualité. Avant de passer au Canada, elle avait vécu plusieurs années en France où la spiritualité bérullienne était en plein essor.

On retrouve chez elle la théologie de l’Incarnation, le vœu de servitude à Marie, la dévotion au Cœur Sacré du Verbe Incarné. Femme d’affaires durant son veuvage puis religieuse Ursuline engagée dans un pays à bâtir, elle voit toute sa vie finalisée par l’esprit apostolique. Il n’y a pas de dualisme dans son existence, expérience mystique/vie quotidienne, tout y est état d’oraison.



MARGUERITE BOURGEOYS


1620 – 1700


Fondatrice des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame

Portrait de Marguerite Bourgeoys, attribué à Pierre LeBer, huile, 62,3 x 49,5 cm. 1700. Collection de la Congrégation de Notre-Dame, Musée Marguerite-Bourgeoys.

Enseignante de Troyes, Marguerite Bourgeoys part pour le Canada en 1653 et fonde à Montréal la première école de filles à l’origine de la Congrégation de Notre-Dame. Elle fait partie de ce réseau si riche qui unissait dans un même idéal des personnes aux origines aussi différentes que Vincent de Paul, M. Olier, Jérôme de la Dauversière, Paul de Maisonneuve et Jeanne Mance.

Sa spiritualité peut être résumée dans l’imitation de la vie de la Vierge Marie, surtout dans le mystère de la Visitation. Pour elle, vivre le commandement de l’amour exige d’être détachées de tout et seulement attachées à Dieu, rejoignant ainsi les deux dimensions d’abnégation et d’adhérence à la volonté de Dieu de la spiritualité bérullienne.


Prochain article : Héritière de l’École française au Canada – Jeanne Le Ber

  1. Gérard Laverdure

    Passionnant et inspirant.
    Je me souviens du congrès de Montréal.