Icône de la Dormition de la Vierge Marie

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Icône de la Dormition

de la Vierge Marie


L’icône de la Dormition représente la Vierge Marie couchée, endormie dans la mort, entourée des Apôtres, avec le Christ en Gloire recevant dans ses bras l’âme de Marie. La Mère de la Vie est élevée dans la Vie même de son Fils. C’est tout le sens du mystère de l’Assomption!


MARIE NOUS PRÉCÈDE

Cette icône nous fait entrer dans ce qu’est une mort chrétienne. Pour tous ceux et celles ayant foi en Jésus, il les élève en Sa Vie éternelle auprès du Père. Par la mort, l’ensevelissement et l’assomption de Marie, le Père démontre en toute sa plénitude son dessein pour l’humanité.

Cette fête de la Dormition de Marie enracine l’espérance chrétienne dans le mystère pascal du Christ, dans sa victoire sur la mort par sa Résurrection.

« Ô mort où est ta victoire?

Où est ton aiguillon? » 

1 Corinthiens 15, 55


Enracinement historique de la Dormition de la Vierge Marie

IIe – IIIe siècles

La Dormition de la Vierge Marie reprend un récit apocryphe de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe siècle intitulé « Dormitio Mariae ».

VIe – VIIe siècles

Cette fête jouit de la faveur populaire dans l’empire byzantin dès le VIe siècle. L’empereur Maurice (582-602) fixe sa date au 15 août et c’est le pape Théodore 1er (642-649) qui l’introduit dans l’Église romaine.

VIIIe siècle

Saint Jean Damascène (676-749) dans une homélie sur la Dormition livre le récit le plus imagé de cette fête. L’icône correspond à cette description.


Icône écrite en 2013 par sr Jacqueline Poirier, r.m.

Composition de l’icône


L’icône de la Dormition se construit autour de deux axes complémentaires. La position horizontale du lit mortuaire déposé sur le catafalque vert foncé et couvert d’un drap pourpre où repose Marie, contraste avec le dynamisme du Christ, debout à la verticale au centre. Celui qui est la « Vie » emporte l’âme de celle qui gît sans vie.

Ce n’est plus la Mère qui porte son Fils, comme dans les nombreuses icônes de la Theotokos. Maintenant c’est le Fils qui porte sa Mère comme un nouveau-né emmaillotté, signe qu’une nouvelle naissance s’opère.

Les deux axes de l’icône impliquent une lecture à deux niveaux : la Dormition de Marie, puis son Assomption au ciel.


La Dormition de Marie

L’attitude des apôtres entourant Marie, exprime à la fois une grande vénération et une profonde tristesse. Parmi les personnages, on reconnaît saint Pierre au premier plan à gauche tenant un encensoir et présidant la cérémonie. Derrière lui se tient saint Jean l’évangéliste, le disciple qui a pris Marie chez-lui, et en face à droite, saint Paul de Tarse, tous deux penchés sur la Mère de Dieu.



Derrière les apôtres se distingue deux évêques, Denys l’Aéropagite et saint Hiérothée, ainsi que des saintes femmes, représentant le peuple chrétien dans son ensemble. Selon l’époque de l’icône, jusqu’à quatre évêques peuvent être représentés, signifiant que l’Église au fil des siècles vénère le mystère de la Dormition et de l’Assomption de Marie.



Son Assomption au ciel

L’âme de la Vierge Marie est souvent représentée sous deux formes. D’abord, dans les bras du Christ ressuscité debout, derrière le catafalque. Enveloppé d’une mandorle – qui signifie que le monde céleste est soustrait aux lois de l’espace et du temps – le nouvel Adam reçoit l’âme de la nouvelle Ève. Des anges s’inclinent en signe de respect.

Emmaillotée comme un nouveau-né dans des langes, cette représentation de l’âme de Marie signifie qu’elle reçoit la vie nouvelle, la vie divine. Elle naît au ciel par son Fils. Alors que Marie a donné son humanité au Fils de Dieu à la Nativité, ici, c’est le Fils glorifié qui lui donne en retour la divinité.

L’icône de la Dormition révèle ainsi la signification ultime de l’Incarnation du Verbe : faire participer l’humanité à la plénitude de la divinité dans le Père par Son Esprit.

Sur le registre supérieur de l’icône, Marie est ensuite emportée vers les hauteurs par les anges. L’âme de Marie n’est pas descendue dans l’Hadès. Son corps n’a pas connu la corruption. À la différence de l’Ascension, où le Christ s’élève seul, Marie est ici élevée par son Fils. À l’inverse de nous tous dont la transfiguration de la chair n’interviendra qu’à la résurrection finale, Marie connaît cette plénitude sans délai. Elle est la première, parmi les croyants, à entrer pleinement dans la vie éternelle.


Préfiguration de notre entrée dans la résurrection du Christ

L’icône de la Dormition de la Vierge Marie est intimement reliée à l’icône de la Descente aux Enfers. En effet, si le Christ descend relever les captifs, il fait aussi entrer sa Mère dans la gloire, préfiguration de notre propre résurrection.

Au coeur de l’Évangile, il y a la proclamation d’une espérance: la possibilité pour les disciples de suivre leur maître dans cette vie nouvelle de ressuscité, au-delà de la mort. Jésus n’est pas le seul et unique ressuscité. Au contraire, il apparaît comme celui qui ouvre le passage. D’autres ressusciteront à sa suite. C’est dans cette vie de ressuscité que se trouve le bonheur durable et permanent auquel aspire l’être humain.

P. MICHEL PROULX, o.praem

Le candélabre de la lumière inaccessible


Au bas de l’icône, devant le lit funèbre de la Vierge Marie, un cierge y est représenté.

Celui-ci rappelle comment Marie, celle qui a enfanté Dieu, est le candélabre de la lumière inaccessible, lumière devenue accessible par l’Incarnation du Fils de Dieu devenu homme parmi les hommes.

Ce cierge brûlant au premier plan, en position verticale, signifie le don de l’Esprit à la Pentecôte. Il renvoie aux cierges portés par les anges entourant le Christ.

C’est la lumière divine donnée par le Christ à toute l’humanité après sa résurrection, gage d’espérance pour le salut de tous.



Accomplissement de notre vie baptismale


L’icône de la Dormition de la Vierge Marie est donc l’image du passage de la mort à la vie, de la condition terrestre à la béatitude céleste, qu’assure la foi au Christ ressuscité. Elle représente l’accomplissement, dans une personne humaine, du processus de transfiguration commencé au baptême.

Ce qui s’accomplit pour Marie est prévu dans le plan du Père pour chacun et chacune de nous. Comme l’affirme l’apôtre Paul :

« Si quelqu’un est dans le Christ, il est une création nouvelle. »

2 Corinthiens 5,17

La finalité du salut est la vie éternelle pour l’humanité. C’est pourquoi, dans la liturgie byzantine, le Tropaire de la fête de la Dormition proclame :

Dans ton enfantement tu as gardé la virginité,

dans ta dormition tu n’as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu :

tu as rejoint la source de la Vie,

toi qui conçus le Dieu vivant et qui, par tes prières,

délivres nos âmes de la mort.


La Tradition orthodoxe préfère le terme de « Dormition » à celui de « l’Assomption ». Cela relève d’une vision théologique précise : la Vierge Marie a connu la mort comme son Fils, avant d’être élevée au ciel.

« Celle qui dans l’enfantement a surmonté les limites de la nature, maintenant se courbe sous ses lois, et son corps immaculé est soumis à la mort. Il faut en effet déposer ce qui est mortel pour revêtir l’incorruptibilité, puisque le Maître lui-même n’a pas refusé l’expérience de la mort. Car il meurt selon la chair, et par sa mort il détruit la mort, à la corruption il confère l’incorruptibilité et fait du trépas la source de la résurrection. » (Homélie sur la Dormition de saint Jean Damascène)


Sources

Michel QUENOT, La Résurrection et l’Icône, 1992, Mame, pp. 233-240

Hygoumène AGNÈS-MARIAM DE LA CROIX, Revue Le Lien, no 1, janv-mars 2006, pp.55-61

Michel ST-ONGE, Article : Lecture de l’icône de la Dormition de la Mère de Dieu

Citation du P. Michel PROULX, o.praem, À la recherche du bonheur – Une lecture du livre de Qohélet, p. 78


4 Responses

  1. Élaine Chalifoux

    Cette icône nous révèle la grandeur et l’importance du rôle de Marie dans l’œuvre de notre salut. Sujet, de longues méditations et d’émerveillement à la fois. Comment un Dieu si grand et si puissant pouvait-il avoir besoin d’une créature frêle, humble et effacée pour une œuvre aussi gigantesque ?

  2. Raymond Tanguay

    À cause de cette icône, ma perception de cet événement dans la vie de Marie ne sera jamais plus le même. Merci.

  3. Marie-Claire Dussault Brais

    J’aime les icônes de cette dormition de Marie. Aussi le fait que Marie donne la vie terrestre à son fils et que rendu à sa mort de Marie c’est le Christ qui lui donne la vie céleste. Merci.

  4. Gérard Laverdure

    AMEN! Tellement lumineuse et parlante, pleine de sens, cette icône. Jamais rien entendu d’aussi pertinent sur l’Assomption de la vierge Marie. J’ai le cœur plein de Joie. MERCI!