ÊTRE RECLUSE
e nom que nous portons, Recluses Missionnaires, exprime bien l’essence de notre vie contemplative. Être Recluse signifie se retirer, se mettre à l’écart dans la solitude, ce qui crée un espace propice à l’intériorité, à la vie avec Dieu. Cette vie tournée vers Dieu nous appelle nécessairement à nous tourner vers les autres. Cette ouverture à l’humanité entière constitue la dimension missionnaire de notre vie, dimension que nous aborderons dans un autre article.
Pour plusieurs, être recluse et être missionnaire semble paradoxal. Mais si l’une de ces dimensions vient à manquer, un déséquilibre s’installe et nous ne sommes plus au cœur de notre mission confiée par Dieu : celle de porter le monde au creux de notre prière.
À L’ORIGINE
En 1946, lors d’une visite canonique, Mère Rita eut l’occasion d’exprimer l’élément déclencheur de la fondation de notre communauté. Voici ce qu’elle a écrit concernant Jeanne Le Ber :
Notre principal idéal de vie est celui de Jeanne Le Ber, la première canadienne qui a mené une vie de prière et de pénitence et qui a porté le nom de recluse et l’a été de fait.
C’est justement cet attrait commun des deux fondatrices (Rita Renaud et Jeannette Roy) pour Jeanne Le Ber qui, en 1941, les a réunies dans cette aventure de fondation d’une nouvelle communauté.
LA RÉCLUSION DE JEANNE LE BER
« Jeanne a tout quitté pour s’attacher au Christ, pour vivre auprès de Jésus »[1],
en demeurant à ses pieds comme Marie-Madeleine.[2]
Pourquoi choisit-elle la réclusion, cette forme de vie solitaire complète, versus la vie religieuse?
Selon son premier biographe, François Vachon de Belmont p.s.s., Jeanne a sérieusement considéré les communautés existantes de son temps : que ce soit les Hospitalières de l’Hôtel-Dieu, les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame ou les Ursulines de Québec. Avec chacune de ces communautés, Jeanne tissait des liens personnels et celles-ci auraient bien aimé la recevoir. Mais lorsque Jeanne considéra les engagements de la vie religieuse en lien avec ses aspirations profondes, elle discerna que ceux-ci ne contentaient « point l’attrait qu’elle avait pour la solitude, le silence exact et l’attachement continuel à la présence de Dieu. »[3]
Comment Jeanne a-t-elle découvert la réclusion?
En lisant la vie de Catherine de Sienne, Jeanne s’est reconnue dans la période de réclusion vécue par Catherine dans la maison de son père.[4] Un déclic s’est produit en elle, une lumière l’a envahie! Cette vie, retirée de tout, l’a alors mise sur la piste de son appel, et les Sulpiciens d’alors ont reconnu chez-elle les aptitudes nécessaires et la maturité exigée pour mener à bien cette vie solitaire. C’est ainsi que Jeanne s’est insérée dans la tradition des Recluses, avec l’aide providentielle de son directeur très au fait de cette culture d’anachorète présente dès les débuts de l’Église. Le choix de la réclusion chez Jeanne a été réfléchi et prié, elle qui désirait imiter en tout le Christ.
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[1] Pierre ROBERT, La vie spirituelle de la recluse, Cahiers 10 de l’Oratoire Saint-Joseph, 2001, p.63
[2] François VACHON DE BELMONT, Éloge funèbre de Jeanne Le Ber (5 janvier 1714), reproduit dans le Cahiers 10 de l’Oratoire Saint-Joseph, 2001, p.12
[3] François VACHON DE BELMONT, Vie de Mademoiselle Le Ber (1720), reproduit dans les Cahiers du mont Saint-Joseph – Hors série no5, Aux éditions du Levier, 2016, p.31
[4] Ibid, p.29
En octobre: En présence des Anges
Marina Frech Gaulin
Je m’unie à chacune de vous dans ce 75 ième anniversaire, pour louer et remercier le Seigneur de chacune de vos vies consacrées à votre pierre d’aimant. Puisse Jeanne LeBer continuer à vous inspirer son grand amour pour Jésus, le Vivant dans le très Saint Sacrement. Bonne jubilé !
Yvonne Bélisle
Merci pour cet excellent éclairage sur le sens de la vie de recluse et sur l’origine de la vocation de Jeanne LeBer.