Bienheureuse Ève de Liège
Recluse à Saint-Martin
Nous sommes peu renseignés sur la vie de la bienheureuse Ève sinon son implication dans la reconnaissance officielle de la Fête-Dieu dans l’Église.
La vie de cette recluse est étroitement liée à celle de sainte Julienne du Mont-Cornillon, inspiratrice de cette fête.
Unies par l’amitié et par leur amour commun envers l’Eucharistie, ces deux femmes du treizième siècle consacreront tous leurs efforts humains et spirituels pour que s’accomplisse le désir de Dieu de voir cette nouvelle fête instituée dans l’Église.
Peinture dans la voûte de l’abside du Sanctuaire du Saint-Sacrement à Montréal
Influence de saint Julienne
Selon certaines sources, Ève demanda conseil à Julienne dans sa recherche spirituelle et vocationnelle. Celle-ci l’aurait encouragée vers la vie de réclusion et lui aurait suggéré de suivre la règle cistercienne. Ève devint donc recluse à la Collégiale Saint-Martin dans le diocèse de Liège.
Soutien spirituel
Avant d’entreprendre ses démarches auprès de l’Église locale, saint Julienne se confia à la recluse. Ensuite, Ève l’accueillit chez elle pendant trois mois lors du premier exil de son couvent d’augustines. En 1252, au moment de l’institution de la Fête-Dieu dans le diocèse de Liège, la célébration eut lieu à l’église Saint-Martin, tout près de la Collégiale. Nous pouvons supposer la présence d’Ève lors de la cérémonie, représentant Julienne absente, puisque exilée pour une seconde fois.
Poursuivre la mission
Inspirée par la vie de la bienheureuse Ève, les deux dernières années de saint Julienne auraient été vécues en réclusion. À la mort de celle-ci en 1258, Ève poursuivra sa mission partiellement réalisée.
Le 29 août 1261, un nouveau pape sera élu en la personne de Jacques de Troyes, aussi appelé Jacques Pantaléon; il prendre le nom de Urbain IV. À cette nouvelle, par l’entremise de son évêque Henri de Gueldre, le recluse s’empressera de demander au nouveau pape d’étendre la Fête-Dieu à toute l’Église. D’où lui vient cette audace?
Les voies de la Sagesse Divine
En 1230, Jacques de Troyes était archidiacre à Liège et avait été parmi les premiers consultés au sujet de la pertinence d’une telle fête. S’étant prononcé favorable et devenu, une quinzaine d’années plus tard, vicaire général du diocèse, il avait rédigé le mandement de l’évêque qui aurait promulgué la fête lors du synode général si son décès n’était survenu. Ayant quitté Liège vers 1250, le futur pape ne connut pas les développements de la fête. Mais Ève a cru pouvoir être entendue par le nouveau pape puisque celui-ci avait connu Julienne et aurait même été son confesseur.
Reconnaissance officielle
Urbain IV ne tardera pas à réagir percevant dans cette demande la volonté divine. Il demanda à saint Thomas d’Aquin de rédiger l’Office du Saint-Sacrement et, en 1264, le pape célébrera lui-même solennellement la fête le jeudi après l’octave de la Pentecôte.
Le 11 août de la même année, par la Bulle « Transiturus de hoc mundo », Urbain IV instituera la Fête-Dieu dans l’Église universelle.
Le 8 septembre, il écrivit à la recluse de Saint-Martin pour l’en informer, lui envoyant un exemplaire de la Bulle et deux copies de l’Office composé par saint Thomas d’Aquin.
Julienne de Cornillon et Ève de Liège vivaient profondément de cette présence du Christ, les rendant capables de porter un tel projet pour le bénéfice de l’Église entière. Grâce à ces deux femmes, aujourd’hui nous bénéficions de cette fête souvent reportée au dimanche après la fête de la Trinité.
Que cette fête du Corps et du Sang du Christ nous révèle le don inestimable de la Présence eucharistique dans nos vies! Nulle présence n’est aussi proche que la Présence du Christ dans son Eucharistie!
Ève de Liège, aussi appelée Ève de Saint-Martin, est décédée vers 1265 à l’âge de 60 ans environ.
En 1902, le pape Léon XIII confirme le culte rendu à la bienheureuse Ève.
La châsse de la recluse se trouve dans la Basilique Saint-Martin.