Repas du Seigneur (1)

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L’EUCHARISTIE

REPAS DU SEIGNEUR

 

Lecture biblique : Luc 22, 14-20

14  Lorsque l’heure fut venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui. 15  Et il leur dit : « J’ai ardemment désiré manger cette pâque avec      vous avant de souffrir; 16  car je vous le dis, jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse dans le Royaume de Dieu. » 17   Puis, ayant reçu une coupe, il rendit grâces et dit : « Prenez ceci et partagez entre vous; 18  car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais   du produit de la vigne jusqu’à ce que le Royaume de Dieu soit venu. » 19  Puis, prenant du pain, il rendit grâces, le rompit et le leur don-  na, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous; faites cela en mémoire de moi. » 20  Il fit de même pour la coupe après le repas,      disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous. »

 

Prière

Père, tu veux nous guider à discerner dans les gestes de ton Fils à quel point quelque chose de neuf nous est offert, pour que nous entrions dans cette participation de plus en plus plénière avec toi par le mystère de ton Fils. Donne-nous de ne pas nous habituer à la brièveté de ces textes que nous reprenons chaque jour dans la célébration de l’Eucharistie. Amen.

 

Introduction

Le Christ a institué l’Eucharistie au cours d’un repas. Il ne s’agit pas de n’importe quel repas. Celui-ci se caractérise par sept points : 1. Repas d’adieu2. Repas religieux3. Repas d’alliance4. Repas dans un contexte pascal5. Repas du Seigneur6. Repas sacrificiel7. Repas eschatologique.

 

1. REPAS D’ADIEU

 

Dans le texte de saint Luc (22,15-16), il y a cette affirmation: « J’ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir; car je ne la mangerai plus… je ne boirai plus désormais du produit de la vigne jusqu’à ce que le Royaume de Dieu soit venu. » C’est bien un repas d’adieu: je m’en vais et je m’en vais dans une situation douloureuse.

Dans l’institution de l’Eucharistie de saint Marc (14,25), il y a exactement la même chose: « Je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu’au jour où je boirai le vin nouveau dans le Royaume de Dieu. »

Jésus réunit les siens pour, en quelque sorte, leur livrer ses dernières volontés, les dernières manifestations de sa présence auprès d’eux. Saint Jean ne raconte pas historiquement l’institution de l’Eucharistie; les chapitres 13 à 17 de cet évangile consistent à dire:

Je m’en vais… encore un peu de temps et, de vos yeux vous ne me verrez plus… La tristesse envahit vos cœurs… Le monde se réjouira, vous vous lamenterez… 

Et Jésus se met à genoux pour laver les pieds de ses disciples. Puis vient l’annonce de la trahison. Il part vers le Père, il les aime, il veut les aimer jusqu’au bout, il partage avec eux un repas.

 

2. REPAS RELIGIEUX

 

Selon les récits, les accents sont différents. Dans saint Luc: « Prenant d’abord une coupe, il RENDIT GRÂCES… puis prenant le pain et RENDANT GRÂCE, il le rompit ». Dans la 1re Épitre aux Corinthiens, au chapitre 11, le plus ancien récit de enluminure_institution_eucharistiel’institution: « Il prit le pain, et après avoir RENDU GRÂCE… ». Dans saint Matthieu au chapitre 26: « Prenant une coupe, il RENDIT GRÂCE et la leur donna ». Et dans saint Marc: « Ayant pris la coupe, il RENDIT GRÂCE et la leur donna ».

Que veut dire, dans saint Luc et dans saint Paul, ce RENDIT GRÂCE prononcé sur le pain, et dans saint Matthieu et saint Marc, sur le vin? Le mot grec employé et traduit par « rendit grâce » est le verbe « eucharistein » qui a donné le mot « Eucharistie ». Bibliquement ce mot grec signifie qu’on bénit les dons de Dieu.

Saint Matthieu dit ceci à propos du pain: « Tandis qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit et le donna à ses disciples. »  Et saint Marc écrit: « Après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit et le donna à ses disciples. »  Retenons dans ces deux récits: PRONONCER LA BÉNÉDICTION.

Le mot employé en grec et traduit par « prononcer la bénédiction » est « eulogein », souvent traduit par « eulogie ». « Eukhê » signifie prière et « logos » signifie la parole. Donc, ce sont des paroles de prière. Tandis que le verbe « eucharistein » prend le sens de bénir les dons de Dieu, le mot « eulogein » sur le pain et le vin signifie qu’on bénit Dieu. Alors, nous sommes dans un climat religieux où l’on bénit Dieu et ses dons.

 

Prochain article:  Repas d’alliance

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Cette série de réflexions sur le mystère eucharistique sont des extraits de conférences données à la communauté par le Père Pierre Michalon, sulpicien de France (1911-2004). Il a été expert au Concile Vatican II dans le Secrétariat pour l’unité des chrétiens et directeur du centre Unité chrétienne à Lyon de 1954 à 1991.