LA NATIVITÉ DU CHRIST
“et la lumière luit dans les ténèbres”
Jean 1,5
L’icône de la Nativité du Christ nous plonge aux sources de la fête liturgique de Noël.
Riche de sens, elle rassemble des événements multiples décrits dans les récits de l’enfance des Évangiles de Matthieu (2,1-12) et de Luc (2,1-20).
Ces événements se superposent, les personnages se croisent et se rencontrent autour de la personne centrale qu’est le Verbe fait chair.
Et la lumière luit dans les ténèbres
Le prologue de saint Jean lie la venue en ce monde du Verbe avec la lumière. “Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie” (Jn 1,4-5). L’obscurité de la grotte au centre de l’icône contraste avec la lumineuse naissance de l’Enfant. Déjà le mystère de la Nativité renvoie à celui de Pâques. La grotte obscure symbolise la désespérance totale, les ténèbres desquelles le Christ nous libère par sa mort et sa résurrection. Les langes qui enveloppent l’Enfant sont des bandelettes de linceul et le berceau dans lequel il est couché est un tombeau. Sa naissance annonce déjà ce pourquoi il est venu parmi nous!
Marie et la montagne
Marie occupe une grande place dans l’icône. Couchée sur un lit de type hamac, utilisé par les juifs de son temps lors de leur déplacement, Marie est disproportionnée par rapport aux autres personnages. Elle a le dos tourné à Jésus et semble s’en désintéresser. Pourquoi? Parce que Marie médite en son cœur tous ces événements et envisage déjà le mystère de vie et de mort de son fils. Elle ne garde pas son enfant pour elle, mais l’offre pour la vie du monde.
La liturgie byzantine décrit Marie comme la montagne sacrée d’où sortira le Christ. Le prophète Daniel exprime dans une vision “qu’une pierre a été détachée de la montagne, non par une main” (Dn 2,34). Les Pères orientaux y ont vu Marie donnant naissance à Jésus, pierre angulaire de l’Église.
Chercheurs de lumière
Joseph, au bas de l’icône à gauche, est représenté dans une posture songeuse. Il médite également ce grand mystère et semble submergé par cette naissance qu’il n’avait pas envisagée. Le personnage en face de lui est énigmatique. Certains l’interprètent comme étant le diable déguisé en berger, venu le tenter au moment de son tourment. Seules les consignes de l’ange reçues dans un songe, lumière venue d’en-haut, l’éclaireront sur son rôle dans le dessein divin (Mt 1,18-25).
Les mages arrivent de loin guidés par l’Étoile. Ils sont en mouvement sur leurs chevaux, manteaux au vent. Ces riches savants venus de l’Orient portent la quête de l’humanité. Leur longue recherche de la lumière véritable les conduit vers cet Enfant nouveau-né devant lequel ils se prosternent.
Icône écrite par sr Jacqueline Poirier, recluse missionnaire
Les anges, en-haut de l’icône, représentent deux groupes: les uns, adorateurs devant le Fils de Dieu devenu fils d’homme et les autres, annonciateurs. Sur l’icône de Novgorod, un seul ange éveille les bergers dans la nuit pour les inviter à visiter Celui qui s’est fait pauvre comme eux et à se laisser envelopper de Sa Lumière.
Le rayon de lumière jaillissant du Ciel et se divisant en trois rayons, exprime la Présence du Père et de l’Esprit dans ce mystère de l’Incarnation. Le Dieu Trois fois Saint s’unit dans ce mouvement du Verbe qui devient partie intégrante de l’humanité.
Autres scènes
Le bœuf et l’âne qui entourent Jésus dans la grotte sont le fruit des écrits apocryphes. Certaines interprétations y ont vu le peuple juif et le peuple païen.
La scène du bain, au bas de l’icône à droite, est d’origine culturelle. Deux femmes, l’une âgée tient le nouveau-né et l’autre plus jeune verse de l’eau dans le bassin. Cette scène met en relief l’humanité du Christ. Ayant pris notre nature humaine, il en a expérimenté les besoins inhérents.
Méditation conclusive
En parcourant les scènes de l’Évangile à travers la contemplation de cette icône, nous entrons davantage dans le grand mystère de la venue de Jésus en notre humanité. Le Verbe est la Lumière véritable qui éclaire tout homme, nous dit l’évangéliste Jean (1, 9).
En cette fête de Noël, prenons le temps de méditer les racines profondes de l’espérance qu’apporte le Christ. En se faisant l’un de nous, en parcourant nos routes, en portant nos ténèbres pour les vaincre par sa mort et sa résurrection, il a manifesté pour toujours l’Amour infini et miséricordieux du Père éternel de qui tout vient et vers qui tout s’achemine.
Une telle espérance est source de lumière,
de paix et de joie profondes!
Gisèle Gingras
Joyeux Noël et Heureuse période des Fêtes aux Recluses missionnaires. Votre existence même, de prière et de présence au monde, est le signe de cette espérance qui est source de lumière, de paix et de joie profonde.