Icône de la Transfiguration

« Son visage resplendit comme le soleil, et ses habits devinrent blancs comme la lumière. »

Matthieu 17,2

L’icône de la Transfiguration nous confronte à une lumière non terrestre, qui renverse les apôtres Pierre, Jacques et Jean, au moment où ils la perçoivent. Cette lumière rayonne la gloire divine, soulignée par la mandorle au fond bleu. Elle n’émane ni de Moïse, ni d’Élie, mais du Christ dont la gloire circulaire embrase tout.

Présence de Moïse et d’Élie

La présence de Moïse (à droite du Christ) incarne la Loi que Jésus est venu pleinement accomplir (Mt 5,17). Moïse a ardemment désiré voir la gloire de Dieu, mais l’a contemplée seulement de dos (Exode 33,18-23).

Élie (à gauche) représente les prophètes qui ont annoncé la venue du Christ. Lui aussi a désiré voir Dieu, mais l’a plutôt reconnu dans le « bruissement d’un souffle ténu » (1 R 19,11-13).

Apôtres témoins

Les trois apôtres présents à la Transfiguration sont les disciples les plus proches de Jésus. Nous retrouvons le même trio dans d’autres circonstances importantes: à la résurrection de la fille de Jaïre (Marc 5,37) et au jardin de Gethsémani (Marc 14,33).

Les apôtres, accablés par le sommeil, s’éveillent brusquement, éblouis par une lumière brillante. Ils sont alors témoins de la Transfiguration de leur Maître. Pierre, désirant s’installer dans le bien-être spirituel qu’il ressent, propose de dresser « trois tentes » (Luc 9,33). Mais une frayeur envahit les apôtres lorsqu’une nuée les enveloppe et qu’une voix se fait entendre:

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le! »

Marc 9,7

Réactions des apôtres

Comment réagissent les apôtres? Pierre (à gauche), accroupi, lève sa main en geste de protection face à la lumière aveuglante. Jean (au centre), s’effondre vers le bas, dos à la lumière. Jacques (à droite) amorce un mouvement de fuite avant de basculer à son tour. L’absence de nimbe – ce halo doré autour des têtes des Saints – indique que les apôtres n’ont pas encore atteint la sainteté leur donnant la capacité de se tenir devant la face de Dieu. Leur attitude illustre la fragilité humaine avant l’accueil de l’Esprit à la Pentecôte.

Icône écrite par Théophane le Grec – 15^e siècle

La Transfiguration dans le contexte de la mort et de la Résurrection

Pourquoi les apôtres sont-ils témoins de cet événement de la Transfiguration? La lecture attentive des Évangiles nous apprend que Jésus vient tout juste d’annoncer pour la première fois aux disciples sa mort et sa résurrection (Marc 8,31-33). Après leur avoir demandé « Qui suis-je? » (Marc 8,29) et après la réponse de Pierre « Tu es le Christ » (Marc 8,29), voilà que Jésus commence à les faire entrer dans la signification réelle de sa mission de Christ-Sauveur. Le Fils de l’homme souffrira beaucoup, sera rejeté et mis à mort, mais il ressuscitera après trois jours. Cette annonce est si brutale que Pierre la refuse – elle ne cadre pas avec sa pensée du Messie. Comment alors continuer à avoir foi en Jésus ?

L’événement de la Transfiguration vient donc confirmer aux trois apôtres le dessein divin trinitaire. Le Père lui-même affirme l’identité de Jésus comme étant son Fils bien-aimé, celui qui a toute sa faveur. La présence de Moïse et d’Élie signifie aux apôtres vacillants que c’est bien le chemin de la Passion, de la Mort et de la Résurrection qui sauvera l’humanité des ténèbres du mal et de la mort. Et c’est la nuée, c’est-à-dire, l’Esprit Saint qui lève le voile sur la divinité de Jésus pour que la foi des apôtres puisse s’affermir.

Préfiguration de l’humanité nouvelle

Le Christ transfiguré partage sa lumière à ses apôtres par trois rayons. Sans sa grâce, personne n’est capable de Le suivre jusqu’à la Croix. Jésus désire faire entrer Pierre, Jacques et Jean dans son mystère de rédemption. Il veut des compagnons pour vivre avec Lui sa marche vers Jérusalem, et que la Jérusalem-nouvelle puisse émerger pour tous!

Saint Séraphim de Sarov fait de l’acquisition de l’Esprit Saint le but de la vie chrétienne. La Transfiguration actualise la plénitude de l’Esprit en orientant notre regard vers le but de l’existence : « Après mon éveil (de la mort), il me dressera près de lui et, de ma chair, je verrai Dieu! » (Job 19,26-27).

En Jésus, ce désir profond de voir Dieu se réalise car « Qui m’a vu a vu le Père! » (Jn 14,9). Seul le don de l’Esprit ouvre nos « yeux spirituels » pour reconnaître la Lumière du Ressuscité à l’œuvre à travers les croix que nous portons! Depuis le jour de la Pentecôte, la Transfiguration n’a plus lieu sur le mont Thabor mais en chacun et chacune de nous lorsque nous accueillons le Christ, icône du Père. Nos ténèbres sont immergées dans sa Lumière nous permettant d’assumer notre condition humaine, sachant qu’elle est restaurée et transformée en joie de la Résurrection!

Largement répandue dans l’Église d’Orient au VIII^e siècle, la fête de la Transfiguration est officiellement intégrée dans le calendrier liturgique occidentale en 1475.

Elle est célébrée le 6 août, quarante jours avant la fête de la Croix glorieuse du 14 septembre.

Icône écrite en 2007 par sr Jacqueline Poirier, r.m.

Belle fête de la Transfiguration!

Source

Michel QUENOT, La Résurrection et l’Icône, 1992, Mame, pp. 178-184