Pour les recluses, l’Écriture Sainte est un lieu privilégié de la rencontre de Dieu et de celle du Christ. Aelred de Rievaulx, moine cistercien du 12e siècle, dans la Règle de vie qu’il écrivit pour sa sœur recluse, place au cœur de la vie de recluse la méditation de l’Écriture. La recluse « doit se rendre la méditation de la Parole de Dieu tellement familière qu’il lui deviendra impossible, le voudrait-elle, de s’entretenir intérieurement d’autre chose. »[1]
La méditation des Écritures chez Jeanne Le Ber
Nous savons que la prière de Jeanne Le Ber était intimement liée à la Parole de Dieu. M. de Belmont rapporte dans sa biographie sur la recluse, que la méditation de l’Écriture était si habituelle à Jeanne qu’elle « savait les psaumes et le Nouveau Testament presque par cœur, elle en pénétrait très bien le sens. » Non seulement elle « les savait par cœur » mais surtout, elle les connaissait par le cœur, de cette connaissance savoureuse qui nourrit la communion avec Dieu.
À la manière de Marie, Jeanne se remémore les paroles et les gestes de Jésus, ainsi que les événements de sa vie (cf. Luc 2,51). Tout en s’occupant à des travaux d’aiguille et de couture, elle médite « les vérités évangéliques dont son âme était remplie. » Cette méditation attise dans son cœur le désir de Dieu.
La prière de Guigues le Chartreux pourrait très bien convenir à notre recluse :
J’ai longtemps médité dans mon cœur,
et dans ma méditation s’est développé immensément un feu,
le désir de vous connaître davantage (Ps 38,4).
Vous m’êtes connu par cette fraction du pain (cf. Luc 24,35).
Plus je vous connais, plus je désire vous connaître,
non plus seulement dans l’écorce de la lettre,
mais dans la connaissance savourée de l’expérience.[2]
Approche priante de la Parole
Depuis plusieurs années, la Lectio divina, c’est-à-dire l’approche priante de la Parole de Dieu, connaît un regain d’actualité. Elle nous amène à découvrir à travers l’Écriture une Présence à laquelle nous revenons sans cesse. Et comme les disciples d’Emmaüs, nous rencontrons un compagnon de route dont on ne veut plus se séparer.
Encore là, Jeanne nous apprend, qu’à partir du cœur qui écoute, l’être tout entier se trouve peu à peu unifié dans l’amour et que la familiarité avec l’Écriture débouche sur l’adoration.
[1] La vie de recluse, Collection Sources chrétiennes 76, Éditions du Cerf 1961, p.95
[2] Guigues II le Chartreux, Lettre sur la vie contemplative, Collection Sources chrétiennes 163, Édition du Cerf 1970, p.95
Ce 3e article fait partie de la réflexion Prier à la manière de Jeanne Le Ber écrite par sœur Louise Marie Dupras, recluse missionnaire. La réflexion complète a été publiée dans le Cahiers 10 de l’Oratoire Saint-Joseph intitulé : Jeanne Le Ber, Recluse en Nouvelle-France, Lampe ardente, Sentinelle dans la nuit, 2001, pp. 89-97. Quelques modifications y ont été apportées afin de l’adapter pour le web.
ant
La Lectio Divina c’est la voie plus douce pour apprendre à aimer.
raymondtanguay
C’est toujours agréable de vous lire.
Pascal Normandf
J’ai toujours hâte de recevoir votre message. Je suis un « fan » des Recluses.
Louise Royer
Merci de me ramener à l’essentiel!
Jean-Yves Poirier
Merci Seigneur pour Ta si Précieuse PAROLE!
Nicole Giroux
Merci pour ce beau partage sur la Parole…elle débute ma journée.