Saint Nicolas de Flüe
Unir le monde et Dieu
Le cheminement de vie de Nicolas de Flüe peut d’abord surprendre. Marié, père de dix enfants, très impliqué et estimé dans son canton d’Obwalden, il se retire comme ermite pendant les vingt dernières années de sa vie pour vivre dans la prière et le jeûne.
Mais lorsqu’on jette un regard plus en profondeur sur la vie de cet homme, on découvre une trajectoire constante: celle d’une soif profonde d’être tout à Dieu dans la solitude pour le bien de son peuple.
Un appel
Né le 21 mars 1417 à Sachseln en Suisse de parents chrétiens, Nicolas reçoit dans son éducation les deux valeurs familiales: la prière et le travail. Son père, Henri de Flüe, est l’un des citoyens les plus distingués et les plus riches du village. À 16 ans, Nicolas voit dans une vision intérieure une grande tour à l’endroit même où il vivra plus tard en ermite. Dès ce moment, il se choisit un « être uni », c’est-à-dire une devise: Unir le monde et Dieu. Et de fait, comme une tour vivante, Nicolas deviendra pour son peuple un refuge et une orientation vers Dieu. De cette vision naît un attrait pour la solitude.
Époux et père
Mais rien ne le destine à devenir moine ou prêtre. Nicolas devient paysan, comme les gens de son village et sans doute, sur les traces de son père. À trois reprises, il participe à la guerre comme soldat et se distingue par son esprit de non-vengeance et de compassion envers les ennemis vaincus.
À 30 ans, Nicolas épouse Dorothée Wyss; cinq filles et cinq garçons naîtront de leur mariage. Jean, son fils aîné, dira que son père se levait chaque nuit pour prier et que ses travaux commençaient et se terminaient toujours par la prière.
Conseiller et juge
Nicolas se distingue aussi par sa sagesse innée et son esprit de droiture. Ses concitoyens viennent lui demander conseil pour des causes souvent délicates. Cherchant toujours la justice et la paix, Nicolas gagne leur confiance, si bien que ceux-ci le nomment conseiller du canton et juge. À son ami et directeur de conscience, Henri Imgrund, curé, Nicolas confie:
Fidèle à cette conscience élevée, Nicolas s’est vu un jour dans l’obligation de démissionner de sa charge suite à un incident judiciaire dont la sentence fut injuste malgré son intervention. Ceci provoqua chez lui une grave crise intérieure, pendant laquelle l’appel à une vie retirée se fit pressant.
Après deux années de prière et de doutes, Nicolas partage avec son épouse son projet de vivre en solitude. Ébranlée par cette éventuelle séparation mais non surprise du désir de son mari, Dorothée ainsi que leurs enfants consentent au départ de Nicolas reconnaissant ainsi l’appel mystérieux de Dieu.
Le 16 octobre 1467, à l’âge de 50 ans, le futur ermite quitte la maison familiale en direction d’Alsace. En chemin, un paysan lui conseille de demeurer dans le pays, compte-tenu que les Confédérés ne sont pas toujours bien accueillis partout.
Nicolas rebrousse alors chemin et par indication divine s’établit dans le Ranft, un profond ravin situé sur sa propre terre à une quinzaine de minutes de sa maison. C’est ainsi qu’au cœur de son pays, Nicolas devient le frère de tous!
Les deux fenêtres et l’Eucharistie
Après un an dans une cabane faite de broussailles, une assemblée générale du canton décide de bâtir pour le frère Nicolas une habitation avec une chapelle. Bien qu’il fut ermite, l’existence des deux fenêtres dans son ermitage le rapproche avec la tradition des recluses.
Son ermitage, qui existe toujours, mesure six pieds de hauteur et une fenêtre donne sur l’autel de la chapelle tandis que par l’autre fenêtre, il recevait les visiteurs. Ce que Nicolas recevait du monde, il le présentait à Dieu et ce qu’il recevait de Dieu, il le donnait à tous ceux et celles qui venaient le visiter.
Dans sa prière, Nicolas contemple les plaies du Christ crucifié et devient un amant de l’Eucharistie. Il assiste à la messe quotidienne d’abord à l’église paroissiale et ensuite à la chapelle annexée à son ermitage; il communie une fois par mois selon la coutume du temps.
Il est attesté que l’ermite pratiquait un jeûne perpétuel. Depuis son entrée en solitude, il n’aurait jamais pris aucune nourriture, ni breuvage. Cette grâce donnée est une réponse à l’une de ses prières. À un ami d’enfance, Nicolas confiait qu’avant de tout quitter, il avait demandé à Dieu trois grâces:
On peut dire que l’Eucharistie était devenue l’âme de sa vie.
Homme de paix
Grâce aux conseils de Nicolas, les Confédérés purent éviter une guerre civile en signant le traité de Stans en 1481. Depuis, il fait figure d’homme de paix et de médiateur dans plusieurs conflits politiques et ecclésiastiques. En 1482, Nicolas écrit aux autorités de Berne: « La paix se trouve toujours en Dieu, car Dieu et cette paix ne peut être détruite. La discorde, elle, sera détruite. Veillez donc à chercher avant tout la paix. »
Le 21 mars 1487, le jour de ses soixante-dix ans, Nicolas décède entouré de son épouse, leurs enfants et le curé de Stans. Un deuil général se répandit dans toute la Suisse et plusieurs milliers de personnes accompagnèrent son corps jusqu’à l’église de Sachseln où il repose toujours. Saint Nicolas est vénéré par les suisses comme Père de la Patrie.
À la fin de chaque entretien, Nicolas disait toujours: Que le nom de Jésus soit votre salut!
Béatification et Canonisation
En 1648, Nicolas est béatifié par le pape Innocent X. Il est canonisé en 1947 par le pape Pie XII. En 1984, Jean-Paul II se rend à Sachseln pour prier sur la tombe de Nicolas et célèbre la messe en plein air à Flueli.
Livre
Prière composée par Nicolas de Flue
Mon Seigneur et mon Dieu, éloigne de moi tout ce qui m’éloigne de toi.
Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi.
Mon Seigneur et mon Dieu, détache-moi de moi-même pour me donner tout à toi.