L’ADORATION EN ESPRIT ET EN VÉRITÉ
2e partie
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LECTURE BIBILIQUE : JEAN 4, 19-24
19 La femme lui dit: « Seigneur, je vois bien que tu es un prophète…20 Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous dites: C’est à Jérusalem qu’est le lieu où il faut adorer. » 21 Jésus lui dit: « Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. 22 Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. 23 Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père. 24 Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer. »
Adorer en Vérité
« Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. » Est-ce que cela veut dire que le culte célébré à Jérusalem était faux? Certainement pas. C’était ce que Dieu avait demandé à Moise et que Moise avait essayé de réaliser. Le Temple était saint, Dieu l’avait occupé et avait marqué sa présence par cette nuée merveilleuse qui sera exactement la même qui recouvrira Jésus et les apôtres sur la montagne de la Transfiguration. Ce n’était donc pas un culte faux puisque ce culte était voulu par Dieu et personne n’avait usurpé la fonction sacerdotale dans le service du Temple.
Alors, qu’est-ce que ça veut dire : « adorer en vérité ». Cela signifie que ce culte – voulu par Dieu et animé par des dispositions intérieures – n’était qu’une image, une ombre de la réalité à venir. Saint Paul a montré que le Christ, par sa Résurrection et sa Glorification, « a dépouillé les Principautés et les Puissances » (Col 2,15). Il a remplacé tout ce qui se faisait autrefois.
« Dès lors, [vous chrétiens] que nul ne s’avise de vous critiquer sur des questions de nourriture et de boisson, ou en matière de fêtes annuelles, de nouvelles lunes ou de sabbats. Tout cela n’est que l’ombre des choses à venir, mais la réalité, c’est la personne du Christ » (Col 2,16-17).
Saint Paul le dira également pour la Loi; elle n’est là que pour conduire à autre chose. Elle est un maître, c’est vrai, mais elle doit déboucher sur Quelqu’un quand vient l’heure de la plénitude des temps.
Jésus, le véritable sanctuaire
« Ce n’est ni à Jérusalem ni sur cette montagne
que vous adorerez le Père. »
Selon saint Jean, la Résurrection du Christ, sa Glorification et la Pentecôte, tout s’est passé dans ce que nous appelons « la Passion ». C’est à ce moment-là que Jésus va vers le Père et donne l’Esprit. C’est le Christ glorieux, saisi tout entier dans le mystère de sa Glorification par l’Esprit Saint. C’est le Christ devenu « Esprit vivifiant » dans sa sainte humanité, pour reprendre les mots de saint Paul dans 1 Co 15.
Ce Christ est devenu « Personne spirituelle ». Nous traduisons souvent par « corps spirituel », mais corps en grec signifie la personne en tant qu’elle s’exprime d’une façon visible. Le Christ est devenu une « réalité spirituelle » totalement « Fils de Dieu, investi de puissance, par une Résurrection d’entre les morts selon l’Esprit Saint », comme cela est écrit au début de la lettre aux Romains.
Donc, dorénavant, il n’y a plus de Temple. Car il n’y a qu’un seul Temple : le Christ glorieux. Après le récit des noces de Cana, où Jésus a changé l’eau des purifications en vin, nous le voyons à Jérusalem pour une fête de la Pâque où il chasse les vendeurs du Temple et les changeurs de monnaie. Le geste de Cana se poursuit : Jésus signifie que l’heure vient où on n’aura plus besoin d’avoir de la monnaie pour payer la dîme du Temple, où on n’aura plus besoin de sacrifices, et par conséquent, de vendeurs de bestiaux et de petites tourterelles.
Les gardiens du Temple, placés par l’autorité divine, lui disent : « Quel signe montres-tu pour agir ainsi? SIGNE : le même mot que le ‘signe’ de Cana. Et Jésus répond : « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai. – Il a fallu quarante-sept ans pour bâtir ce Temple et toi, en trois jours…? » Jean commente l’événement en disant : « Il parlait du sanctuaire de son corps. » Et lorsque Jésus fut ressuscité des morts, les disciples crurent à la parole qu’il avait dite.
Il s’agit maintenant d’un sanctuaire qui est la Personne de Jésus ressuscité et qui prend la place de ce Temple. Alors, lorsque Jésus parle à la Samaritaine : « Crois-moi, femme, ce n’est pas sur le mont Sion qu’il faudra adorer le Père… », c’est comme s’il ajoutait : Ce sera dans la vérité, l’authenticité, la réalité d’un sanctuaire vivant qu’est ma Personne de Ressuscité, Verbe incarné ressuscité, tout entier saisi par l’Esprit.
Le sanctuaire que Jésus annonce comme étant sa Personne va se présenter comme le Temple d’où découlent toutes les réalités spirituelles dont le monde a besoin.
Conclusion
À travers la Personne de Jésus ressuscité, glorifié, nous pouvons déceler les réalités offertes dans le culte nouveau récapitulé dans le mystère eucharistique. C’est cela qu’il faut méditer si l’on veut saisir quelque chose de ce mystère.
Cette série de réflexions sur le mystère eucharistique sont des extraits de conférences données à la communauté par le Père Pierre Michalon, sulpicien de France (1911-2004). Il a été expert au Concile Vatican II dans le Secrétariat pour l’unité des chrétiens et directeur du centre Unité chrétienne à Lyon de 1954 à 1991.
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