Saint Seraphim de Sarov
Surnommé le « Transfiguré »
Questionné par un de ses disciples sur la vie chrétienne, saint Seraphim lui avait répondu:
Ce moine orthodoxe, devenu vers la fin de sa vie un starets, parlait de ce qu’il vivait. Toute sa vie sera une lente ascension vers cette acquisition au point d’en être illuminé.
Prokhore Mochnine (son nom russe) naît le 19 juillet 1759 à Koursk, en Russie. Son père Isidore est un entrepreneur en bâtiment. Lorsqu’il meurt, son épouse Agathe prend la direction de l’entreprise et élève ses deux fils dans la foi orthodoxe.
À 19 ans, Prokhore entre au monastère de Sarov et huit ans plus tard prononce sa profession religieuse. Il reçoit alors le nom de « Seraphim » ce qui signifie « flamboyant » en hébreu. Il a 27 ans.
Ermite
Ordonnée prêtre en 1793, Seraphim vit d’une façon exemplaire sa vie de moine. Travaillant, joyeux, obéissant, il passe ses nuits en prière se préparant à la Divine Liturgie du lendemain. Un an plus tard, il demande à vivre comme ermite dans la forêt.
Pendant 15 ans, Seraphim consacre son temps à la contemplation des mystères de la vie de Jésus par la méditation quotidienne de l’Évangile et implore la miséricorde divine par la prière du cœur aussi appelée la prière de Jésus.
Dans les environs de son ermitage nommé Mont Athos, l’ermite reproduit la Terre Sainte en nommant divers lieux des noms de Bethléem, Nazareth, Mont Thabor, Golgotha, où il s’unit au mystère correspondant dans la vie du Christ. Son désir d’union avec son Sauveur le conduit à passer mille jours et mille nuits à genoux sur un rocher, priant continuellement la prière du cœur, afin d’acquérir la paix intérieure.
Reclus
Agressé par trois brigands qui le laissent à demi-mort sur le sol, Seraphim retourne temporairement au monastère jusqu’à sa guérison. Toutefois, il demeure voûté pour le reste de ses jours. En 1810, n’ayant plus la capacité physique de faire l’aller-retour entre son ermitage et le monastère, Seraphim choisit de quitter la forêt et vit en réclusion dans une cellule à l’intérieur du monastère.
Pendant 15 ans, il vit comme reclus dont les cinq premières années sont en silence complet. Un sac de pierres lui sert de lit et sa chaise est un tronc d’arbre. Il prie devant l’icône de la Vierge de Tendresse devant laquelle brûle une veilleuse et lit tout le Nouveau Testament chaque semaine.
En 1825, il ouvre la porte de sa cellule aux milliers de visiteurs qui affluent vers lui pour demander conseils et guérisons. Les huit dernières années de sa vie, Seraphim devient un père spirituel, appelant chaque personne qu’il rencontre: « Ma joie! »
Le 2 janvier 1833, il est retrouvé mort, agenouillée dans sa cellule devant l’icône de la Mère de Dieu qu’il appelait « Joie de toutes les joies! »
Marie dans la vie de saint Seraphim
Depuis son jeune âge, la Théotokos (la Mère de Dieu) a joué un grand rôle dans la vie de Seraphim.
Malade à l’âge de 10 ans, il reçoit d’elle sa première guérison lors d’une procession de l’icône de Notre-Dame de Koursk dans sa ville natale. Plus tard, étant novice, Seraphim est atteint d’hydropisie pendant trois ans. Dans une vision la Mère de Dieu le guérit à nouveau.
L’agression des trois brigands près de son ermitage ayant laissé Seraphim dans un état très grave avec une blessure à la tête, des côtes brisées et de multiples fractures, la Mère de Dieu intervient en sa faveur une troisième fois. C’est aussi suite à l’indication de la Théotokos que Seraphim sort de sa réclusion en 1825.
Mûri par tant d’années de prière dans la solitude, l’heure était venue pour lui de donner au monde la lumière reçue. Le rôle de Marie dans la vie de Seraphim est indéniable. Plus d’une douzaine de fois, il l’a vue, accompagnée souvent des apôtres Pierre et Jean.
Marie a été pour lui un guide et une enseignante, lui procurant la force de suivre Jésus jusque dans le désert de la solitude afin d’acquérir l’Esprit Saint, le Feu Divin qui éclaire tout.
Entretien avec Motovilov
En novembre 1831, deux ans avant la fin de sa vie, Seraphim est transfiguré devant son disciple Nicolas Motovilov. Depuis son enfance, Nicolas se questionnait sur le but de la vie chrétienne, sans jamais trouver de réponse satisfaisante. Dans un entretien, le starets lui répond: C’est l’acquisition du Saint-Esprit de Dieu.
Désirant savoir comment l’on sait qu’on a acquis l’Esprit-Saint, Nicolas continue de le questionner jusqu’au moment où Seraphim le prend par les épaules et, le regardant, lui dit:
Et voilà! Vous êtes devenu comme moi, tout lumineux. Vous avez été aussi rempli de la grâce du Saint-Esprit, sinon il vous serait impossible de me voir dans cette lumière. Que ressentez-vous?
Motovilov répondit: Un calme, une paix indicible. Mon cœur est rempli d’une joie inexprimable. – Et encore? – Une chaleur et un parfum, tels que je n’en ai jamais ressentis. – Ce parfum est la bonne odeur du Saint-Esprit et cette chaleur n’est pas extérieure, mais elle est en nous, conformément à la parole du Seigneur: Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous (Lc 17, 21).
Cet entretien résume toute la vie spirituelle de saint Seraphim. Sans relâche, de tout son être, il a tendu vers l’acquisition de l’Esprit Saint dont les fruits se sont manifestés tout au long de sa vie: amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi (Ga 5, 22).
Starets
Dans l’Église russe, le mot starets désigne un moine qui, rempli des lumières du Saint-Esprit, est un guide sur la voie de la perfection. Son rôle est de vivre une expérience spirituelle telle que les autres sentent en lui la présence de Dieu.
Retour des reliques au monastère de Sarov
En 1927, le monastère de Sarov ferme suite à la répression bolchevique. Les bâtiments sont confisqués et réutilisés à diverses fins jusqu’en 1991 où les bâtiments sont remis au culte religieux. C’est à ce moment, qu’après 70 ans cachés dans un musée de l’athéisme, les reliques de saint Seraphim retournent au monastère et depuis reposent dans l’église de Divilévo. Depuis 2006, la vie monastique a repris à Sarov.