Jeanne Le Ber
Recluse canadienne
Dans ce site, il est déjà fait mention de Jeanne Le Ber, cette recluse laïque née à Montréal en 1662 qui vécut en réclusion de l’âge de 18 ans à sa mort à l’âge de 52 ans.
Fidèle à la tradition des recluses, Jeanne avait une dévotion marquée pour l’adoration eucharistique et pour la prière d’intercession. Dans son reclusoir, elle a brodé de magnifiques ornements liturgiques et confectionné des vêtements pour les pauvres.
Sculpture en bois réalisée par André Pelletier – 2005
À sa mort, tout Montréal assista à ses funérailles et un Sulpicien, M. François Vachon de Belmont, prononça un éloge funèbre qui fut la première biographie de la recluse.
Plusieurs autres biographies devaient suivre, dont quelques-unes plus récentes.
C’est à partir de ces biographies que Pierre Robert, lui-même ermite, traça en 2007, une esquisse de ce qui pourrait ressembler à l’horaire quotidien de Jeanne.
Il mit également en lumière ses différentes formes de prière et les dévotions particulières qui lui tenaient à cœur.
C’est à partir des recherches de Pierre Robert que nous vous présentons quelques caractéristiques de la vie de prière de Jeanne Le Ber.
La prière comme état de vie
Entre 15 et 18 ans, Jeanne découvre l’oraison par M. de Séguenot. Jeanne s’emballe tellement qu’il se voit obligé de lui enseigner toutes les formes de prière. Avec son aide, elle se fixe un horaire lui permettant de régulariser la prière. Suivant l’appel de l’Esprit, Jeanne découvre en priant son choix de vie: vivre comme recluse, d’abord dans la maison paternelle comme l’avait fait sainte Catherine de Sienne. Cette période dura quinze ans.
Lorsque Jeanne entra dans un reclusoir annexé à la chapelle des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, sa vie est déjà très élaborée et solidement ancrée. Voici ce à quoi ressemblaient ses journées:
4h00 | Lever de Pâques à la Toussaint (avril-1er nov) / 4h30 en hiver |
2e heure d’oraison + petites heures de l’Office de la Sainte Vierge | |
6h00 | Assiste à l’Eucharistie / Deux heures de travail |
9h00-9h30 | Lecture spirituelle |
10h00-11h00 | 3e heure d’oraison |
11h00 | Lecture d’un chapitre du Nouveau Testament + examen particulier |
11h30 | Dîner |
13h00 | Vêpres et Complies + 30 minutes de lecture spirituelle |
Trois heures de travail | |
16h00-17h00 | 4e heure d’oraison |
18h00 | Souper |
19h00 | Chapelet et prière vocale |
20h30 | Coucher |
Minuit | 1ère heure d’oraison, Matines et Laudes + Office de la Sainte Vierge |
Les dimanches et les jours de fêtes :
– 1 heure d’oraison pendant la Grand-Messe (il faut se rappeler que la messe était dite en latin);
– une demi-heure de lecture de la vie des saints;
– 2 heures d’oraison la nuit.
Autres particularités :
– Office de la Sainte Croix tous les jours;
– Litanies de saint Joseph tous les jours, Office de saint Joseph le mercredi;
– Litanies des saints trois fois la semaine;
– confession tous les huit jours.
Même si Jeanne assistait à l’Eucharistie quotidiennement, elle communiait seulement quatre fois dans la semaine: les dimanches, mardis, jeudis et samedis.
Oraison
Passant quatre heures par jour en oraison, Jeanne acquiert le don de sapience, cette sagesse de goût et d’expérience. Les vingt dernières années de sa vie, elle les vivra dans la sécheresse intérieure, mais deviendra tout de même familière de l’invisible. Jeanne demeure fidèle à son oraison sachant qu’elle accomplit la volonté de Dieu sur elle. Peu à peu, la recluse passe de la crainte à l’amour, de la supplication pour soi à l’intercession, de la demande à l’action de grâce.
Lectures et examen particulier
Jeanne est remplie de la Parole de Dieu. Elle connaissait presque par cœur le Nouveau Testament; lorsqu’elle en parle, elle est intarissable. Le psautier lui est aussi très familier. Concernant ses lectures spirituelles, des indices laissent croire que les anges, la vie érémitique et les Pères du Désert étaient ses lectures préférées.
L’examen particulier, aussi appelé examen de conscience, portant sur un point précis à améliorer. Cette méthode mise au point par saint Ignace de Loyola, Jean-Jacques Olier et M. Trançon pour les clercs, était devenue une tradition sulpicienne transmise à Jeanne par M. de Séguenot.
Cycle liturgique et dévotions particulières
En suivant le cycle liturgique de l’époque, Jeanne exprimait sa profonde communion avec l’Église universelle. À y regarder de près, nous voyons comment Jeanne a aussi assumé les grandes dévotions de la Nouvelle-Colonie: Marie et Joseph (indirectement la Sainte Famille) et les Saints Anges, dévotion instaurée par Mgr François de Laval.
Dans les dévotions particulières de Jeanne, nous retraçons celles reliées à la tradition de l’École française de spiritualité (les deux fêtes de la vie intérieure de Jésus et de Marie) et celles reliées à la tradition reclusienne (saint Jean-Baptiste et sainte Marie-Madeleine). Viennent s’ajouter les fêtes reliées à l’Eucharistie, telles les Quarante Heures et la Fête-Dieu.
Jeanne Le Ber au Congrès eucharistique international à Québec – 15 au 22 juin 2008
Jeanne Le Ber, amante de l’Eucharistie, était représentée au Congrès eucharistique international de 2008 dans le kiosque de la Congrégation de Notre-Dame. Le kiosque comprenait quatre volets: espace Marguerite Bourgeoys, espace Jeanne Le Ber, espace Oeuvre des Tabernacles et espace Recluses Missionnaires. La reproduction du parement d’autel dit de la colombe du Saint-Esprit attribuée à Jeanne servait de murale et permettait aux congressistes de contempler ce chef-d’œuvre aujourd’hui conservé à la Basilique Notre-Dame de Montréal. Le talent artistique de la recluse canadienne attirait le regard et suscitait l’admiration parmi les participants qui sont venus en grand nombre visiter cet espace offert à la beauté de l’art.
Journées Jeanne Le Ber
Depuis 2002, la Maison de Prière à Longueuil (Qc) tenue par les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, prend l’initiative d’organiser chaque année une Journée Jeanne Le Ber. La Journée a lieu fin septembre ou début octobre.
Jeanne en musique
En 2005 et en 2008, deux CD sont produits par les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame afin de faire connaître davantage Jeanne au grand public.