Un chemin de prière – solitude et silence


Que la recluse s’asseye, solitaire, et impose le silence à sa langue
pour parler dans son cœur; et qu’elle croie qu’elle n’est pas seule
quand elle est seule, car elle est alors avec le Christ. 

Aelred de Rievaulx

Choisir une vie de solitude et de silence

Enfant, Jeanne Le Ber se présente comme une petite fille très éveillée, pleine de vitalité et de vivacité. « Elle était fort gaie » et dès l’âge de cinq ou six ans « faisait des questions sur les mystères de Notre Seigneur », écrit M. de Belmont. Jeune fille, riche, jolie et intelligente, ayant reçu la meilleure éducation offerte dans le pays, Jeanne est promise à un brillant avenir. Comment expliquer qu’à dix-huit ans, renonçant à tout, elle choisisse une vie de solitude et de silence. En effet, de 1680 jusqu’à sa mort survenue le 3 octobre 1714, c’est-à-dire pendant près de trente-cinq ans, Jeanne vit dans une retraite absolue.

Ce choix radical ne peut s’expliquer que par sa volonté de répondre à l’appel du Seigneur, par le désir de trouver Celui qui l’a séduite (Jr 20,7). Un désir brûlant de connaître son visage, de se laisser attirer par Celui qu’elle appellera sa « pierre d’aimant », de se laisser consumer au feu de l’Amour en réponse à Celui qui « l’a aimée le premier » (1 Jn 4,19).


Tout quitter pour Le suivre


La recluse qu’a été Jeanne et même celles d’aujourd’hui se retirent dans la solitude parce qu’elles ont rencontré le Seigneur. Elles ont fait l’expérience de Dieu qui les ont conduites à tout quitter pour le suivre et vivre avec lui.

Elles sont fascinées par le visage de Dieu.

Elles portent en elles une blessure que nul ne peut guérir, une faim, une soif que rien ne peut assouvir. C’est pourquoi elles orientent toutes leurs énergies dans la recherche de Dieu, de sa Face.


La solitude du désert, lieu des fiançailles


À la suite de toutes ces femmes et de tous ces hommes « ivres de Dieu » (Saint Macaire), Jeanne s’enfonce dans le désert. La Bible décrit le désert comme un lieu de solitude et d’aridité où de multiples dangers guettent celui ou celle qui s’y aventure. Mais aussi comme un lieu de fiançailles, lieu de joie et de tendresse parce qu’il peut devenir l’occasion de vivre d’une manière particulière la rencontre avec Dieu.

Je la conduirai dans la solitude et je parlerai à son cœur.

Osée 2,16

Retire-toi dans ta chambre

Dans nos vies occupées, agitées et parfois surchargées, nous risquons de perdre le contact avec l’essentiel. Comme Jeanne, nous sommes conviés à la rencontre de Dieu dans la solitude et le silence du cœur.

« Pour toi quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret »
(Mt 6,6).

Là, la prière trouve son accomplissement. Car « c’est le cœur qui prie. S’il est loin de Dieu, l’expression de la prière est vaine. » (Catéchisme de l’Église Catholique no 2562)


Notre cœur, un reclusoir

La vie de Jeanne nous enseigne qu’il faut nous dérober à l’agitation et aux bruits qui nous entourent pour habiter notre cœur comme un reclusoir. Dans le « seul à seul » avec Dieu nous puiserons force et lumière pour notre vie.


Ce 2e article fait partie de la réflexion Prier à la manière de Jeanne Le Ber écrite par sœur Louise Marie Dupras, recluse missionnaire. La réflexion complète a été publiée dans le Cahiers 10 de l’Oratoire Saint-Joseph intitulé : Jeanne Le Ber, Recluse en Nouvelle-France, Lampe ardente, Sentinelle dans la nuit, 2001, pp. 89-97. Quelques modifications y ont été apportées afin de l’adapter pour le web.


5 Responses

  1. Marina Frech

    Merci beaucoup pour ces textes inspirants qui nous guident vers ce Dieu qui est tendresse et amour. Et vers ce lieu, le désert qui nous apprends la solitude et le silence pour écouter résonner dans notre cœur la voix du Seigneur.

  2. Lamoureurx

    merci de nous porter tous dans votre prière

  3. Pascal Normand

    Merci pour votre fidélité à me faire parvenir votre site toujours très intéressant.

  4. Jean-Yves Poirier

    Très inspirant. Merci!

  5. Diane

    Source de Vie ce magnifique texte qui m’oriente vers l’essentiel. Mille mercis.